Dernière mise à jour le 9 décembre 2025
Le dérèglement climatique aggrave l’insécurité alimentaire dans le monde et en France
Les ONG comme Action contre la Faim et les Banques Alimentaires alertent sur une hausse de la faim, tandis que le Réseau Action Climat montre que toutes les régions françaises sont déjà touchées par les impacts du climat sur l’agriculture.
Une piste centrale pour s’en sortir : développer l’agroécologie et transformer nos façons de produire et de consommer.
Le réchauffement climatique n’est pas seulement une affaire de glaciers qui fondent ou de records de température. Il touche directement nos assiettes. Sécheresses, inondations, canicules, prolifération de ravageurs et de maladies des plantes fragilisent la production agricole et font monter les prix alimentaires. Résultat : la faim progresse, dans le monde comme en France.
Dans cet article, je fais une synthèse des principaux constats et des pistes d’action, à partir de sources d’ONG et de réseaux associatifs spécialisés. Merci à Action Contre la Faim qui m’a permis de mieux comprendre les enjeux de l’agro-écologie en m’invitant une journée entière en formation dans leurs bureaux près de Paris !
Voici le post insta qui récapitule tout ça :
La faim augmente dans le monde
Les dernières données compilées et analysées par Action contre la Faim montrent que la faim ne recule pas sur le terrain, malgré des progrès affichés sur le papier.
- 673 millions de personnes souffrent de sous-alimentation en 2024. Source : Action contre la Faim.
- 2,3 milliards de personnes n’ont pas un accès suffisant à une alimentation adéquate. Source : Action contre la Faim – Changement climatique : quels impacts sur la faim ?.
Cette progression de la faim s’explique par trois grands facteurs qui se combinent : les conflits, les chocs économiques et les chocs climatiques. Ces derniers sont de plus en plus fréquents, intenses et imprévisibles, et viennent fragiliser des systèmes alimentaires déjà sous tension.
La France aussi est concernée par l’insécurité alimentaire
La faim et l’insécurité alimentaire ne concernent pas seulement des pays lointains. En France aussi, de plus en plus de personnes dépendent de l’aide alimentaire pour manger.
Selon le rapport annuel 2024 des Banques Alimentaires, ce sont 2,4 millions de personnes qui ont eu recours à l’aide alimentaire cette année là. Un chiffre en hausse qui traduit une fragilisation durable des conditions de vie d’une partie de la population.
Parallèlement, le Réseau Action Climat montre que toutes les régions françaises sont déjà impactées par le changement climatique :
sécheresses, canicules, pluies extrêmes, inondations, érosion des sols, stress hydrique, etc. Ces phénomènes ont des répercussions directes sur les rendements agricoles et sur la stabilité des prix alimentaires.
Ces effets ne sont pas uniformes, mais une tendance se dessine : lorsque les prix augmentent ou deviennent très volatils, ce sont les ménages les plus précaires qui subissent en premier les conséquences de cette instabilité.
Le dérèglement climatique fragilise les récoltes
Le dérèglement climatique agit à plusieurs niveaux sur la production alimentaire. Action contre la Faim décrit plusieurs mécanismes bien identifiés :
- Sécheresses prolongées qui réduisent fortement les rendements, épuisent les sols et les nappes, et compromettent les récoltes futures.
- Vagues de chaleur qui stressent les cultures et les animaux d’élevage, diminuent la productivité et augmentent la mortalité.
- Pluies extrêmes et inondations qui détruisent les cultures, emportent les sols et les infrastructures, et provoquent des pertes de stocks massives.
- Prolifération des ravageurs et maladies, favorisée par des températures plus douces et des saisons modifiées, qui affectent davantage les cultures.
Ces phénomènes se traduisent par des baisses de rendements, des pertes de récoltes et une plus grande instabilité de la production alimentaire.
Quand la production baisse ou devient imprévisible, la nourriture se raréfie sur les marchés et les prix augmentent, ce qui renforce l’insécurité alimentaire.
L’analyse proposée par Action contre la Faim sur l’agriculture intelligente face au climat insiste sur ce lien étroit entre dégradation climatique, fragilisation des systèmes de production et hausse de la faim.
L’agroécologie comme réponse structurante
Face à ces perturbations, une approche revient régulièrement dans les rapports d’ONG et de réseaux paysans : l’agroécologie.
Le document « Promouvoir l’agroécologie » (Action contre la Faim / Coordination Sud, 2017) présente l’agroécologie comme une voie privilégiée pour concilier lutte contre la faim, résilience climatique et respect des écosystèmes.
Concrètement, l’agroécologie consiste à :
- améliorer la fertilité et la structure des sols, en limitant leur érosion et en augmentant leur capacité à retenir l’eau ;
- diversifier les cultures (plantes de différentes familles, cultures associées, rotations longues) pour réduire les risques et les maladies ;
- réduire la dépendance aux intrants chimiques (engrais de synthèse, pesticides) au profit de solutions locales et biologiques ;
- favoriser la biodiversité cultivée et sauvage, qui joue un rôle de régulation des ravageurs et de soutien aux pollinisateurs ;
- ancrer les systèmes alimentaires dans les territoires, avec des liens plus forts entre producteurs et consommateurs.
D’après Action contre la Faim, ces pratiques augmentent la résilience des systèmes agricoles face aux sécheresses, aux excès de pluie et aux ravageurs. Elles constituent donc une réponse structurante à la fois à la crise climatique et à la crise alimentaire.
Que peut-on faire à notre échelle ?
Évidemment, transformer les systèmes alimentaires ne repose pas uniquement sur les gestes individuels. Mais nos choix quotidiens peuvent soutenir ou freiner certaines dynamiques. Et à côté de cela, des leviers collectifs existent aussi.
Des leviers à l’échelle individuelle
Action contre la Faim rappelle qu’agir pour le climat, c’est aussi lutter contre la faim. A notre échelle, on peut notamment :
- Privilégier les fruits et légumes de saison, qui demandent moins d’énergie (chauffage, serres, transport) et soutiennent une agriculture plus en phase avec les cycles naturels.
- Réduire le gaspillage alimentaire, en planifiant les repas, en cuisinant les restes et en apprenant à utiliser davantage de parties des aliments (fanes, épluchures comestibles, etc.).
- Acheter en circuits courts (AMAP, marchés paysans, magasins de producteurs) pour soutenir des modèles agricoles plus résilients et plus autonomes.
- Soutenir les agricultures paysannes, biologiques et agroécologiques en donnant la priorité à ces produits quand c’est possible.
- Cuisiner plus végétal, ce qui réduit la pression sur les ressources (sols, eau, énergie) et peut contribuer à limiter certaines émissions liées à l’élevage intensif.
Des leviers à l’échelle collective
Les enjeux alimentaires et climatiques sont aussi profondément politiques et collectifs. Plusieurs types d’actions peuvent être menées :
- Soutenir les politiques agricoles durables qui protègent les sols, l’eau et la biodiversité, et favorisent l’agroécologie plutôt que l’agriculture intensive dépendante des intrants.
- Défendre la mise en place de systèmes alimentaires territoriaux résilients (cantines durables, approvisionnement local, soutien aux petites fermes, etc.).
- Participer aux mouvements citoyens qui revendiquent une transition agricole et alimentaire juste, respectueuse des paysan·nes et accessible à tous.
- Soutenir les organisations qui travaillent directement sur ces sujets, qu’il s’agisse d’ONG internationales comme Action contre la Faim ou de réseaux nationaux comme le Réseau Action Climat et les organisations paysannes.
Agir pour le climat et agir pour la sécurité alimentaire avancent main dans la main. Protéger les écosystèmes, soutenir des pratiques agricoles résilientes et rendre l’alimentation durable accessible au plus grand nombre sont trois éléments du même combat.
Conclusion
Le dérèglement climatique n’est pas seulement un problème environnemental abstrait. C’est une crise alimentaire, sociale et sanitaire qui touche déjà des centaines de millions de personnes dans le monde, et qui se manifeste aussi en France par une hausse du recours à l’aide alimentaire et par une fragilisation des systèmes agricoles.
Les chiffres partagés par Action contre la Faim, les Banques Alimentaires ou encore le Réseau Action Climat sont clairs : sans action, la faim va continuer de progresser dans un monde de plus en plus instable.
Pourtant, des solutions existent déjà. L’agroécologie, la transformation des systèmes alimentaires, la réduction du gaspillage, le soutien aux paysan·nes et aux ONG qui travaillent sur ces enjeux, ainsi que des politiques publiques ambitieuses peuvent renforcer notre sécurité alimentaire et notre résilience collective.
Informer est un premier pas. Le suivant, c’est de soutenir et amplifier ces solutions, à notre échelle, individuellement et collectivement.
Pour aller plus loin
- Action contre la Faim – La faim recule sur le papier, pas sur le terrain (2024)
- Action contre la Faim – Changement climatique : quels impacts sur la faim ?
- Action contre la Faim – Une agriculture intelligente face au climat pour un avenir sans faim
- Action contre la Faim – Agir pour le climat, c’est aussi lutter contre la faim
- Banques Alimentaires – Rapport annuel 2024
- Réseau Action Climat – La France face au changement climatique : toutes les régions impactées
- Action contre la Faim / Coordination Sud – Promouvoir l’agroécologie (2017)